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Dès l'aube un héron s'est figé comme un jonc
Sur le bord du lac vierge où son image plonge.
On le dirait surpris par le philtre d'un songe,
Évadé du réel, béat sur son pied long.
Oh ! bien loin de rêver, ce calme et beau héron
Fait devant l'onde grave un geste de mensonge.
Dans l'immobilité que sa ruse prolonge
Rien des flots recueillis n'échappe à son oeil rond.
Qu'une carpe imprudente anime l'eau tranquille
Et prompt à la saisir avec son bec agile,
Il fera de sa vie errante, son festin.
Qu'importe à ce guetteur ce noble paysage ?
Seul un désir brutal remplit son coeur sauvage,
Et, svelte dans l'aurore, il incarne la Faim.
Albert Ferland
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Dans vos viviers, dans vos étangs,
Carpes, que vous vivez longtemps !
Est-ce que la mort vous oublie,
Poissons de la mélancolie ?
(Guillaume Apollinaire - Le Bestiaire)
Et pendant ce temps le héron (figé comme un jonc) cueille le jour...
Bien belles images à rêver pour un soir de mois noir, Ma Dame.
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